un cosmos

 

“Dans tous les chaos, il y a un cosmos et dans tout désordre, un ordre secret”.
Carl Jung.

 

 

Le rapport du “contact” à l’acte artistique.
lieu, contact, pensée, bruit, image, mouvement

Les photographies, en tant que photo-métaphores (des traces sur le papier, vivant par elles-mêmes et non pas représentant quoi que ce soit), utilisent leurs gènes comme une écriture, comme des ombres d’idées.
Dans la problématique “l’empreinte du corps est-elle une ichnographie?”, la trace du corps s’inscrit sur le papier selon l’expérience et l’action, la réaction de l’intérieur à la pression extérieure; toujours enquête de contact avec l’image latente du corps, par élimination de la distance.
Dialogue avec l’expression et la pratique artistique, établi par des passages à travers l’art; dans l’espace d’une pratique photographique, dialogue-action avec le corps-image en quête de son identité, ses limites et interprétations, avec la trace et le territoire.

 

[…]Le corps-image risque-t-il ainsi de perdre la dynamique de sa forme et, par conséquent, l’espace d’autonomie et de critique ?

Afin de donner une signification à l’espace, la Renaissance a imaginé l’utilisation de la boîte, devenue plus tard l’espace « scénique ».
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde post-Renaissance, dans le sens où nous étouffons au creux d’un système de boîtes “emboîtées” – ville, maison, chambre, et enfin téléviseur et ordinateur à travers lesquels la ville-écran projette ses désirs dans notre espace.


 

Peut-être suis-je le seul à le voir ?

La construction de l’image correspond à la formation de ses matériaux. L’image n’est pas donnée, elle est sans cesse construite ou restructurée. Peut-elle être modifiée par une “chirurgie esthétique” ?
L’image est un document structuré. Chaque élément inséré à la scène photographique – le champ – modifie les données de la scène, c’est-à-dire de l’espace. Et chaque photo, artistique ou non, est limitée par son cadre. Le quadrillage construit et décrit, gère les images nouvelles et le comportement des images du passé et du futur, comme une métaphotographie ¹.
¹. Kevin ROBINS et Frank WEBSTER (1999), Times of the Techno-Culture: From the Information Society to the Virtual Life.

 

[…] A l’arrière d’une poubelle sale en plastique noire ronde j’ai vu un cercle. A l’intérieur il y avait un rond. Le tout ressemblait au toit d’un château d’eau. Mais de près, c’était plutôt un nœud d’arbre. Et pourquoi pas un téton ? Un peu difforme, lui aussi rond. Il se développe à la manière des embrayons. Aussi bien comète que terrain vague. Avalanche ou marécages. Je l’observe muni de ma loupe, mon scanner et ma chambre noire. Tout est là, tout se dévoile à moi. Il suffit de s’approcher pour voir le système nerveux, les connexions internes, les flux sanguins propulsés par le cœur qui pénètrent la matière en créant des sillons à travers les rochers. Mais où somme nous ? Comment pouvons-nous voir toutes ces choses sans même avoir eu l’opportunité de traverser la paroi infime qui sépare la chair de l’air ? Rivières et îlots, sources de lumière ou coraux. Voyez-y tout ce que vous pourrez. Car vous avez devant vous une source infinie d’image qui se déploiera au fil de votre imagination.Plissez les yeux, penchez la tête, rapprochez- vous, touchez, expérimentez, tout est là.

« Si l’on s’occupe de ce qui est plein, c’est-à-dire de l’objet comme forme positive, l’espace environnant est réduit à presque rien. Si l’on s’occupe surtout de l’espace qui entoure l’objet, l’objet est réduit à presque rien. Qu’est-ce qui est le plus intéressant ? Ce qui est à l’intérieur ou ce qui est à l’extérieur de la forme ? Quand on regarde des pommes de Cézanne, on voit qu’il n’a pas vraiment peint des pommes en tant que telles. Ce qu’il a fait, c’est peindre terriblement bien le poids de l’espace sur cette forme ronde… C’est la poussée de l’espace sur la forme qui compte. »
Françoise Gilot et Carlton Lake, Vivre avec Picasso, Paris, Calmann-Lévy, 1965. 

 
 
Mort du papier, mort de l’auteur… 
… reflections about the death of photography.
 
“Toutes les oeuvres rendent hommage aux riches idiosyncrasies des papiers photographiques à travers l’histoire, et restaurent le caractère sacré de la photographie comme objet. Faites sans appareil photo, lentilles ou film, les oeuvres ne sont que processus et matérialité. Leur sujet, si on peut dire qu’ils en ont un, est le temps, l’ingrédient le plus irréductible de la photographie.” (Leah Ollman, Art in America)